2000
la gazette de l'hôtel drouot
le petit bouquet
télérama
1996
sud-ouest
sud-ouest
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Le Petit Bouquet n°632 - février 2000 - Marie Gayet
À l'opposé des lumineuses fêlures d'Akila, les fonds gris-bleu et noirs de
Quitterie S pourraient sembler ternes et tristes. Mais au contraire, cette
jeune artiste dont c'est la première exposition, est animée de la même
énergie de travail. À regarder ses oeuvres récentes, toutes récentes
(certaines datées 2000), on a la conviction d'un parcours artistique mûri,
émanant d'une expérience intérieure profonde et d'une vraie personnalité.
Peinture, dessin, collage, gravure sur bois, mots, chiffres, petits textes
glanés de ci de là, personnages et visages de facture presque enfantine,
silhouettes à peine formées, effacements, radiographies, tableaux traversés
de lignes, ce mélange de matériaux et de techniques semblent stimuler la
création tout en laissant la place à l'interstice de la pensée. D'un
langage plastique qui devient langage personnel, expression d'un sentiment,
d'une expérience intérieure, qui explore la mémoire, cherche dans la
disparition, réactive l'oubli. Car les petits et grands formats de
Quitterie S se lisent comme des allusions à elle-même, des retours sur soi,
des fragments d'un journal intime, mais qu'elle ne livrerait que par bribes
indicibles. « Aujourd'hui, non, hier, j'ai... ». Une longue ponctuation de
points et de minuscules chiffres prolonge ce début de confidence mais elle
ne dévoilera pas le secret de la suite. Cette suspension laissera planer le
mystère, à l'instar de ce S majuscule derrière Quitterie.
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